En bref : • Le médicament Leqembi contre Alzheimer, autorisé aux États-Unis, a été refusé par l'Agence européenne des médicaments en raison d'effets secondaires graves (saignements cérébraux chez 17% des patients et œdèmes cérébraux dans 13% des cas). • Ce traitement par voie intraveineuse utilise le lecanemab, un anticorps ciblant les plaques amyloïdes dans le cerveau, destiné aux patients à un stade précoce de la maladie. • La cause exacte d'Alzheimer reste mystérieuse, ce qui complique le développement de traitements véritablement efficaces. • Depuis 2018, les médicaments spécifiques contre Alzheimer ne sont plus remboursés en France, bien que la maladie soit reconnue comme Affection Longue Durée avec une prise en charge des soins à 100% sur la base du tarif Sécurité Sociale. |
Figure-vous que le traitement Leqembi, qui faisait tant parler de lui outre-Atlantique, vient de se prendre un mur en Europe. Développé par Eisai et Biogen, ce médicament contre Alzheimer avait pourtant décroché son autorisation aux États-Unis en janvier 2023. Mais l’Agence européenne des médicaments a dit non. Pourquoi un tel refus alors que tant de patients attendent des solutions?
Sommaire
Un médicament prometteur mais risqué
Je ne sais pas vous, mais quand on m’annonce un nouveau traitement contre Alzheimer, j’ai toujours cet espoir fou qu’on tient enfin LA solution. Leqembi avait tout d’un candidat sérieux.
Comment fonctionne ce traitement?
Le Leqembi, ce n’est pas une simple pilule. On parle d’un traitement par voie intraveineuse administré toutes les deux semaines. Son principe actif, le lecanemab, est un anticorps humanisé qui cible les fameuses plaques amyloïdes, ces dépôts qui s’accumulent dans le cerveau des personnes atteintes d’Alzheimer.
L’idée est assez élégante, vraiment. Ces anticorps sont conçus pour éliminer ces plaques et ainsi ralentir l’évolution de la maladie. Surtout, ce traitement s’adresse aux patients qui sont encore à un stade précoce — avant que les déficits cognitifs ne deviennent trop graves. C’est là que réside son potentiel: intervenir quand il est encore temps.
Les effets secondaires qui ont fait tiquer l’EMA
Mais voilà. Les essais cliniques ont révélé un revers de médaille assez préoccupant. Chez une proportion non négligeable de patients traités, des effets secondaires sérieux sont apparus:
- Des saignements cérébraux chez 17% des personnes traitées
- Des œdèmes cérébraux dans 13% des cas
Vous imaginez? Près d’une personne sur cinq qui développe des complications potentiellement graves. C’est cette balance bénéfice-risque qui a fait dire « non » à l’Agence européenne des médicaments.
Alzheimer: une maladie encore mystérieuse
C’est frustrant. Vraiment frustrant. On a beau multiplier les recherches depuis des décennies, la cause exacte de la maladie d’Alzheimer nous échappe encore. Les médecins et chercheurs que j’ai pu interviewer me l’ont tous confirmé.
Tous les traitements développés jusqu’à présent ciblent ces fameux dépôts de protéine bêta-amyloïde, mais sommes-nous certains que c’est LA cause de la maladie? Ou seulement une conséquence? Un symptôme plutôt qu’une origine?
Cette incertitude explique en partie pourquoi les traitements actuels ont des effets limités et présentent souvent des risques importants. Ce qui est certain, c’est que les personnes ayant atteint un stade avancé de la maladie ne peuvent généralement pas bénéficier de ces thérapies innovantes.
Le casse-tête financier des traitements existants
Aspect | Situation en France |
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Remboursement des médicaments spécifiques | Non remboursés depuis août 2018 |
Reconnaissance ALD | Oui (Affection Longue Durée) |
Prise en charge des soins | 100% sur la base du tarif Sécurité Sociale |
Dépassements d’honoraires | À la charge du patient ou de sa mutuelle |
Parlons franchement: les traitements contre Alzheimer coûtent une fortune. J’ai rencontré des familles qui se retrouvent dans des situations financières délicates à cause de ces frais. Et le plus démoralisant? Ces médicaments onéreux ne permettent pas de stabiliser durablement les capacités cognitives des patients.
Saviez-vous que depuis 2018, les médicaments censés freiner Alzheimer ne sont plus remboursés par la Sécurité sociale en France? Heureusement, la maladie est reconnue comme une Affection de Longue Durée (ALD), ce qui permet une prise en charge des soins sur la base des tarifs fixés par l’Assurance maladie. Mais les dépassements? C’est la mutuelle qui doit jouer son rôle, quand elle le peut.
Et maintenant?
Je me demande souvent ce que ressentent les familles face à ces montagnes russes émotionnelles: un espoir qui naît avec chaque annonce de nouveau traitement, puis la déception quand les limites apparaissent. Pensez-vous que nous verrons un jour un traitement véritablement efficace contre Alzheimer? Ou devrons-nous nous contenter d’avancées modestes et imparfaites, comme Leqembi, avec leur lot d’incertitudes et de risques?